SYNTHESE

Lorsqu’on parle de qualité de l’air, on pense spontanément à la pollution atmosphérique ou qualité de l’air extérieur.

Or, l’air intérieur constitue un axe fort de progrès en santé environnement. C’est désormais une des priorités des différents plans santé environnement au niveau national et régional. En effet, la présence dans les environnements intérieurs de nombreuses substances et agents (chimiques, biologiques et physiques (géno)toxiques, infectants ou allergisants à effets pathogènes) ainsi que le temps passé dans des espaces clos (en moyenne 70 à 90 %) en font une préoccupation légitime de santé publique.

D’après différentes enquêtes « logement », on estime environ 40 % des habitations présentant au moins un problème de qualité (le défaut le plus fréquent étant l’humidité).

Le Laboratoire de soins pharmaceutiques et de santé publique travaille dans ce domaine depuis 2010. Depuis 2016, les actions sur la qualité de l’air intérieur sont menées en étroite collaboration avec l’APPA (Association pour la Prévention de la Pollution Atmosphérique) de PACA et nationale, présidée par le Pr Denis CHARPIN. L’APPA est un des partenaires du projet MUSE.

La qualité de l’air intérieur est importante pour la santé car nous passons entre 70 et 90% de notre temps dans des espaces clos. Ceux çi vont présenter des polluants spécifiques, aggravés par une partie des polluants provenant de l’air extérieur. Des mesures simples se révèlent efficaces afin de préserver une qualité de l’air intérieur satisfaisante, comme notamment des aérations régulières. Pour les personnes présentant des pathologies pour lesquelles l’environnement intérieur peut être particulièrement néfaste pour la santé, des visites à domicile peuvent être réalisées sur prescription médicale par des conseillers habitat santé (CHS) afin de réaliser un diagnostic précis de la qualité de l’air.

  • Les polluants
  • Les conduites à tenir vis à vis de la qualité de l'air intérieur
  • Conseillers habitat santé (CHS)
Les polluants

Outre les apports de l’air extérieur, les sources potentielles de pollution dans les bâtiments sont en effet nombreuses : appareils à combustion, matériaux de construction, produits de décoration (peinture, colles, vernis…), meubles, activité humaine (tabagisme, produits d’entretien, bricolage, cuisine...).

Les principaux contaminants de l’air intérieur peuvent être regroupés en deux catégories :

-           les contaminants physico-chimiques tels que la fumée de tabac, les composés organiques volatils (COV) comme le formaldéhyde, les produits de combustion : dioxyde d’azote, monoxyde de carbone, particules, … ;

-           les contaminants biologiques tels que les moisissures, les bactéries et virus, les allergènes d’acariens, d’animaux domestiques ou de blattes.

Une mauvaise qualité de l’air peut favoriser l’émergence de symptômes tels que maux de tête, fatigue, irritation des yeux, du nez, de la gorge et de la peau, vertiges ainsi que les manifestations allergiques et l’asthme. Les enjeux sanitaires et économiques liés à la qualité de l’air intérieur sont importants. En France on estime à 19 milliards d’euros par an le coût de la mauvaise qualité de l’air intérieur.

Une valeur-guide pour l'air intérieur définit un niveau de concentration de polluants dans l'air intérieur dans le but d'éviter, de prévenir ou de réduire les effets nocifs sur la santé humaine. Elle doit être atteinte, dans la mesure du possible, dans un délai donné. Ils sont diffusés par le Haut Conseil de Santé Publique (HCSP).

Les conduites à tenir vis à vis de la qualité de l'air intérieur

Les mesures individuelles (notamment extraites du guide INPES Guide de la pollution de l’air intérieur)

Des mesures simples au niveau individuel sont efficaces afin de favoriser une bonne qualité d’air intérieur au niveau des logements.

Les fondamentaux

  • Aérez votre logement au moins 10 minutes par jour et davantage quand vous bricolez, cuisinez, faites le ménage, faites sécher du linge à l’intérieur ou prenez une douche ou un bain.
  • N’entravez pas le fonctionnement des systèmes d’aération et entretenez-les régulièrement.
  • Ne fumez pas à l’intérieur, même fenêtres ouvertes.
  • Faites vérifier chaque année avant le début de l’hiver les appareils à combustion et installations par un professionnel.
  • Evitez d’utiliser les chauffages d’appoint combustibles mobiles en continu et les groupes électrogènes à l’intérieur.
  • Respectez les doses d’utilisation des produits d’entretien, d’hygiène et de bricolage conseillées sur l’étiquette.
  • Soyez encore plus vigilante si vous êtes enceinte ou si vous allaitez.

En parallèle, au niveau national, plusieurs mesures ont été mises en place dans le cadre du Plan national de qualité de l’air intérieur.

L’information et l’étiquetage de certains produits de consommation émetteurs de polluants volatils, tels que produits désodorisants (encens, bougies, diffuseurs…), les produits d’entretien et les produits d’ameublement.

Conseillers habitat santé (CHS)

Pour les personnes présentant des pathologies pour lesquelles l’environnement intérieur peut être particulièrement néfaste pour la santé, des visites à domicile peuvent être réalisées sur prescription médicale par des « conseillers habitat santé » (CHS) ou «conseillers en environnement intérieur (CEI) » afin de réaliser un diagnostic précis de la qualité de l’air.

Celui-ci permettra d’identifier les diverses sources d’allergènes et de polluants au domicile.

La visite à domicile consiste en un audit du logement, pièce par pièce, selon un questionnaire précis (revêtements et matériaux utilisés, type de chauffage, ventilation, environnement extérieur…) puis des prélèvements d’air et de poussières (acariens, COV, formaldéhyde) sont réalisés.

La visite se termine par un ensemble de recommandations et des conseils adaptés. généralement une contre visite est réalisée à 6 mois afin de voir les améliorations.

Une formation spécifique est nécessaire : diplôme universitaire de conseiller habitat et santé (Faculté de Médecine de Marseille) ou  diplôme interuniversitaire de Santé respiratoire et habitat (Faculté de médecine de Strasbourg).

Au cours de ces formations, le déroulement des visites est décrit. Des accompagnements de conseillers déjà en exercice peuvent également être réalisés, mais avec de fortes contraintes organisationnelles.

C'est pourquoi depuis 2013, le Laboratoire de soins pharmaceutiques et de santé publique L2SP a élaboré un serious game spécifiquement destién à la mise en situation virtuelle des futurs CHS. Ce serious game, QUAI GAMES aa été labellisé par l'UVED 5université virtuelle ecologie et développement durable). Il est suivi par les étudiants du Diplôme Universitaire CHS du Pr Denis CHARPIN.

Au niveau du L2SP, les premières visites par des Conseillers habitats santé ont été réalisées en 2010 par une infirmière titulaire du diplôme de CHS (Mme Caroline DEBAIL) auprès essentiellement d’enfants asthmatiques en lien avec la Fondation LENVAL.

Depuis 2016, ces visites ont repris essentiellement sur la région niçoise par 2 personnes titulaires du diplôme de CHS (Dr Thuy COLLOMP pharmacienne et Sophie BERNARD, géographe en santé). Les populations sont des personnes avec des pathologies respiratoires souvent graves ou des immuno déprimés. Les dosages des prélèvements effectués en ce qui concerne les moisissures sont réalisés par le laboratoire de Mycologie du CHU de Nice (Pr Pierre MARTY, Dr Lilia HASSEINE)

Les visites réalisées sont actuellement gratuites pour le patient car réalisées dans le cadre de projets financés par l’Agence régionale de santé (ARS) ou le Conseil régional PACA. Le projet CHS du L2SP est labellisé PRSE 3 PACA (Plan régional santé environnement).

Plus d’informations ? Adressez un mail à collomp.t@chu-nice.fr